«Je vis dans le cœur de la zone rouge du coronavirus ».

C’est le sentiment émouvant exprimé dans une déclaration signée de la main du Président de l’AIPS, l’Association Internationale de la Presse Sportive, l’italien Gianni Merlo. Il vit, habite à Vigevano, en Lombardie. En enfer, un temps de guerre! Comme il le dit lui-même dans le texte que nous reproduisons ci-dessous, en ajoutant notre message de compassion à l’endroit de toutes les personnes affectées par cette situation.

Vigevano (ITA), 18 mars 2020 – Permettez-moi de vous dire ceci: dans mon cœur, je continue de rêver que les Jeux olympiques de Tokyo se dérouleront comme prévu, car cela signifierait que nous aurions pu éradiquer complètement le coronavirus. Mais je vis maintenant dans une zone rouge, où la vie est limitée et ma réalité suggère une hypothèse malheureusement différente pour le futur proche.

Ambulances et sirènes.

Je regarde par la fenêtre, au cinquième étage de l’immeuble, ce qui se passe dans la rue qui mène au centre de ma ville, Vigevano, une ville de 60 000 âmes, à 30 km de Milan. Parfois, je vois des passants. Le seul bruit est celui des chiens qui aboient dans un jardin voisin. Puis le cauchemar des sirènes d’ambulance. Elles sont nombreuses, elles vous envoient un message de peur.

Quelques nouvelles filtrent sur les réseaux sociaux: des amis, des jeunes, ont été tués par ce coronavirus maudit. Les familles ne les ont pas revus depuis leur hospitalisation. Les funérailles sont interdites. Certaines familles auraient reçu une urne contenant les cendres de l’un de leurs proches, une urne sur laquelle chacun pleure. Bien sûr, nous ne pouvons pas sortir pour vérifier ces informations, mais de nombreux témoignages confirment cette terrible vérité.

Pire que la guerre.

Le nombre de morts augmente de jour en jour, pire qu’en temps de guerre. Et en Italie, les experts affirment que le pic des infections n’arrivera probablement que vers la fin du mois, certains spéculent même dans la première partie du mois d’avril. Cela signifie qu’il faudra alors peut-être trois mois pour trouver une normalité acceptable. D’autres pays n’ont introduit qu’hier des limitations drastiques pour la population et donc leur temps de réponse n’en sera logiquement que plus long. J’ai été étonné pour ma part du choix de Boris Johnson au Royaume-Uni, où il a lancé une sorte de «bouclier» pour les personnes âgées. Ainsi, dans ces pays, les temps de récupération peuvent nécessairement être plus longs, à moins que les données réelles de cette tragédie ne soient cachées, comme cela a été fait précédemment.

Plan B.

C’est ce qui nous rend pessimiste quant à la possibilité de croire qu’il est possible d’organiser des Jeux Olympiques en juillet prochain, aussi pensons-nous qu’il est important d’étudier un plan B rapidement, car toute la saison estivale compétitive est certainement compromise. Nous lisons également que l’effet dévastateur du coronavirus sur les poumons d’un athlète pourrait mettre un terme à sa carrière tôt. Il est dès lors naturel que le CIO place à juste titre les athlètes au centre de toutes les attentions et ne voudra donc certainement pas nuire à leur avenir.

Il est naturel de reporter une décision finale à plus tard, mais il serait malsain de continuer à se bercer d’illusions. Cette année, la société mondiale devra payer un prix très élevé pour sortir de cette tragédie et le sport fait partie intégrante de cette société. Il en souffrira, mais il est impératif qu’il puisse se remettre le plus rapidement en gardant les idées claires. Je vis dans la zone rouge du coronavirus, j’ai donc peur que l’été prochain ne soit sans les Jeux olympiques.