L’année 2022 de Reporters sans frontières

Le site de RSF Suisse, section nationale de l’ONG internationale Reporters sans frontières, vient d’afficher le bilan des journalistes tués, détenus, otages ou disparus dans le monde en 2022. Les chiffres font peur. Toutes et tous victimes d’ignorants, à qui il a manqué plus d’écoles que de pain. Plus que jamais, la liberté de la presse et celles et ceux qui en ont fait leur métier, dérangent, gênent et irritent ces mêmes ignorants, qui contemplent la vérité comme une mouche sur le lait.

En guise d’hommage à ces victimes, Le Petit Reporter vous invite à parcourir quelques pages du rapport de RSF, en gardant à l’esprit le slogan adopté par un célèbre palmipède enchaîné: « La liberté de la presse ne s’use que lorsque l’on ne s’en sert pas !

Détenus.

Au 1er décembre 2022, 533 journalistes étaient incarcérés pour avoir tout simplement exercé leur métier, dont plus d’un quart a été emprisonné au cours de l’année qui s’achève. Jamais RSF n’avait enregistré un nombre aussi élevé de journalistes emprisonnés. La Chine reste la plus grande prison de journalistes au monde avec 110 journalistes incarcérés. Suit la Birmanie avec 62 journalistes actuellement détenus, où le métier du journalisme est désormais tout simplement proscrit. Ben voyons, pourquoi se gêner ?! Le « bronze » va à République islamique d’Iran avec 47 journalistes prisonniers.

Autre chiffre sans précédent dans les annales de RSF : 78 femmes journalistes se trouvent actuellement derrière les barreaux. Le chiffre reflète à la fois la féminisation croissante de la profession et confirme que les femmes ne sont pas épargnées par la répression.

Tués.

57 ! Toutes et tous tués, sciemment, en raison de leur profession et des sujets sur lesquels ils travaillaient. Crime organisé (mafia, trafic de drogue, violence des gangs), corruption (abus de pouvoir, trafic d’influence, versements de pots de vin, critiques sur les politiques publiques…) font partie des sujets les plus dangereux à couvrir.

Le Mexique est le pays en paix le plus dangereux pour les journalistes : 11 d’entre eux y ont été tués en 2022. Au total, pas moins de 80 journalistes auront perdu la vie au Mexique en dix ans. L’invasion de l’armée russe en Ukraine le 24 février 2022 a contribué à faire de cette dernière le deuxième pays le plus dangereux pour les professionnels des médias. Dès les six premiers mois de guerre, 8 journalistes ont été tués.

Otages.

Au moins 65 journalistes et collaborateurs de médias sont actuellement retenus dans le monde. Tous ces otages se concentrent dans trois pays du Moyen-Orient

Et chez nous ?

Certes, on ne tue pas en République et c’est bien le minimum syndical. Ni séquestre, ni embastionne des journalistes dans l’exercice de leur métier. Mais l’art est difficile, car certaines et certains dérangent, au point de provoquer des poussées d’urticaire chez quelques élus, timoniers, ripoux, réfractaires aux codes d’éthique de notre démocratie. Au pic de ces « allergies », des envies de meurtre pourraient monter à l’esprit de certains.

Passée la démangeaison, ils et elles se souviendront peut-être que la liberté de la presse n’est pas une marotte nauséeuse, mais un droit pour tous citoyens.