FIN D’UN RÊVE ? NON ! DÉBUT D’UNE RÉALITÉ ? OUI !
Avertissement : machos, pour qui « …le foot, c’est pour les mecs ! »’, Ceci n’est pas pour vous. Quittez l’appli ! Changez de chaîne ! Je ne compte pas vous infliger cette apologie du sport féminin, sachant que vous venez de vivre des moments difficiles. Onze Suissesses ont, certes, perdu un match, mais gagné le cœur et l’esprit de milliers de compatriotes. Et cette victoire fait mal à ceux pour qui l’autre moitié de l’humanité n’a de talent que pour la vaisselle et les tétées.

Ce tournoi féminin a rappelé pour les uns, révélé pour les autres, que certaines de nos réputées vérités sportives, scellées dans les clichés, comme dans le marbre, ne durent en fait, comme les roses de Malherbe, que l’espace d’un matin. Et ces ‘mecs-là’, spectateurs machistes du premier jour (j’en connais), en ont pris plein la vue, un mois durant. A l’heure du bilan, pour la grande majorité d’entre eux, le football s’est métamorphosé, dépoussiéré, révélé sous un éclairage nouveau, rafraîchissant, créatif. D’autres, nombreux également, n’en pensent pas moins, mais l’avouer leur arracherait les crampons. Un dernier quarteron enfin n’a rien vu du tout et persiste dans son déni, autour de la table de la troisième mi-temps, la Corona dans la main gauche. J’en connais également.
Pourquoi ?
Avant de répondre, une évidence : comparer les deux ‘foot’, le masculin et le féminin, n’est pas raisonnable. Chaque genre s’exprime avec ce qui le constitue : la morphologie, la sensibilité, la psychologie. Cela dit, ce tournoi fut un succès tant sportif que populaire, comme le sont d’ailleurs les mêmes joutes au masculin. Mais alors, qu’est-ce qui diffère ce succès-là, au féminin, des autres réussites masculines ? La lecture, l’écoute des commentaires des professionnel(le)s nous donnent une partie de la réponse et nous révèlent des témoignages, des arguments pas ou très peu lus, ou entendus, après des rencontres masculines. Par exemple :« On peut revenir voir un match en famille ! » L’argument vaut son pesant de sécurité, dans la mesure où, avant, pendant et après match, les compteurs d’altercations, d’index levés, de festivals pyrotechniques tendent vers zéro. Les images de tribunes garnies de spectateurs de tous les âges nous ont restitué cette vérité et, dans le même temps, ont redonné au foot son qualificatif de sport populaire, fédérateur, rassembleur.

Sur le terrain ensuite. Dans son acception la plus large, ce sport, le plus populaire au monde, a fait son ‘coming out’ et retrouvé son essence, son ADN : le goût du jeu partagé, en équipe. Le fairplay ensuite. Une main a suffi pour compter les altercations entre joueuses et la directrice du jeu. Les temps excédentaires ont été ceux d’arrêts de jeu que l’on peut qualifier d’acceptables. On est très loin des simulations de millionnaires, en quête de substantiels bonus et de temps d’antenne. Et côté technique du ballon, c’est franchement match nul ! Ici, la parité, au contraire des primes de matches, est parfaite en hommes et femmes.
Un conseil pour les conseillers
Ce tournoi a fait du bien. Il confirme les propos de certains visionnaires, affirmant contre vents et marrées, que le football féminin, à sa manière, a un potentiel et un brillant avenir entre ses mains. Et qui sait, porte-t-il les germes d’un renouveau du jeu pratiqué par leurs confrères masculins. Il rappelle également la triste décision, heureusement corrigée, de soutenir avec une mollesse toute fédérale, cet EURO féminin helvétique. Les conseillers de nos conseillers fédéraux sont invités à faire preuve de plus de respect et de vision dans leurs futures analyses.
On se réjouit de la prochaine lecture des retombées économiques de ce championnat, des audiences et de l’analyse du diffuseur-hôte. En revanche, un chiffre qui est, hélas, impossible à comptabiliser est celui du climat de sympathie généré à l’internationale, un montant inestimable pout notre économie, notre tourisme. La Suisse, les Suisses, pardon et les Suissesses ont su recevoir.
Des spectateurs, pardon et des spectatrices, nous l’ont dit, des étincelles dans les yeux.